Par deux fois j'y étais allé sans rien en voir, puisque j'y
étais en stage; cette fois-ci, ce sera la bonne...
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Il
n'est rien de tel que les touristes quand ils font la queue pour
"la visite", râlent sur le service, comparent avec leur
région d'origine : hommes et femmes en short, épaules un peu molles,
appareils photos, caméras et pochette anti-vol... Partout dans le
monde, ils sont "pareils". Et ailleurs, là où ils ne vont
pas : guerres, misères, tueurs et victimes... A côté il y a
quand même l'individu, celui qui prend son temps, se perd dedans et
fait vivre son voyage dans la conscience des autres, qu'il écrive sur
papier ou tout autre support. J'en ai repéré quelques-uns notés
dans la page autres sites. Le voyage
est une expérience qui finit sur la page et dans la tombe.
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Je
vous cite quelques réflexions que j'ai trouvées dans la revue Epok, il y a peu, juste
avant mon départ, relatives aux voyageurs qui écrivent "
tous des gens qui se sont fait des vies intéressantes, pleines,
avec qui on s'entend et on est tout de suite à l'essentiel"
...Celles-ci sont de Nicolas
Bouvier, écrivain-voyageur suisse, mort d'un cancer en 1998. Il
voyageait pour apprendre, comme Montaigne, (tiens le lycée...) le
métier de vivre avant de mourir : "Construire des empires,
c'est très bien, inventer des machines, fabriquer des violons, c'est
très bien, mais le but de l'exercice est quand même d'apprendre
quelque chose entre le ventre de sa mère et la tombe, de façon à ne
pas arriver complètement démuni". Il apprenait donc en
voyageant, puis, de retour chez lui, en écrivant. Les voyages lui
offrirent des maladies, des joies, des rencontres, des hallucinations.
Ils en firent surtout, au sens ancien du XVIIIème, un honnête homme,
exerçant sa curiosité. Bouvier vous met le voyage dans le sang. Il
ne vous en donne pas le goût : il vous fait comprendre que vous ne
serez rien, ou pas grand chose, si vous n'allez pas vous dissoudre un
jour de l'autre côté de la montagne. Le voyageur, selon Bouvier,
c'est le contraire du touriste : c'est l'homme pensant que "si
on veut convoquer les choses dans leur fraîcheur native, il faut
avoir soi-même quasiment disparu". Le touriste efface
plutôt les lieux qu'il traverse et se confirme dans ce qu'il est :
pas un gramme d'être supplémentaire n'encombre au retour ses
bagages. Le voyageur, au contraire, s'efface. Chaque rencontre lui
ajoute de l'être. Il gagne plus qu'il ne perd. De toute façon, la
mort est au bout. "La route renferme une leçon.
Lorsqu'on est en bonne santé, c'est une bonne leçon, lorsqu'on est
malade, une mauvaise, mais il y a aussi une morale de l'échec et de
la faiblesse qu'il est tout à fait utile d'apprendre". Gallimard
"Quarto" et Philippe Lançon.
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